dimanche 18 août 2024

Nabola OH

 6 juillet, Alger

Il est 00h05 à Alger et il fait tellement chaud qu'on dirait que je pourrais faire cuire un oeuf si je le cassais au sol. La météo dit qu'il ne fait que 27 degrés mais je ne la crois pas. Je ne me plains pas, j'aime beaucoup cette ambiance de sauna en plein air mais tout de même, le fait de respirer fait transpirer ici. Je pense aux incendies, aux bombes et aux fusillades, je pense à la panique des tremblements de terre et autres catastrophes, j'ai vécu tout ça et quand j'y pense ça me fait un peu relativiser ma situation actuelle. Je vous avoue qu'elle n'est pas terrible cette situation actuelle, et que ça n'aide pas tant que ça non plus de relativiser. Le plus terrible a été de perdre le contrôle de ma conscience, le plus terrible est la constante menace que ça recommence même si à chaque fois que ça recommence j'apprends un peu mieux à l'apprivoiser. J'ai vu une vidéo aujourd'hui qui se basait sur un concept de Jung " Tout ce à quoi l'on résiste persiste et tout ce que l'on embrasse s'efface. - Tout ce que nous n'aurons pas ramené à notre conscience surgira dans notre existence comme le destin ou la fatalité" je ne suis pas sûre de comprendre si en embrassant ma folie j'y résiste, elle persiste ou elle s'efface. Ma mère me dit "pour moi tu n'es pas une vraie schizophrène", les gens me disent "tu parles trop de ta folie", "les gens n'ont pas besoin de savoir", est-ce eux qui résistent ou est-ce moi ? Comment embrasser la folie sans y résister ? Je ne sais pas. Ce que je sais c'est que je ne peux pas vivre à Alger, je suis trop occidentalisée, trop folle, trop originale et certainement trop libre. Je ne peux pas vivre en occident, je suis trop africaine. Je ne suis pas la seule dans ce cas "ni de chez moi ni de chez vous" disent pnl, je les cite souvent tellement je me sens moins seule quand j'écoute cette chanson, mais embrasser l'une ou l'autre option selon où me guidera mon destin sera la solution. Jung ne croyait peut-être pas au destin, où pensait pouvoir l'éviter par la conscience. Moi, je crois comme les musulmans et Spinoza (eh oui) que tout est écrit, les dés sont jetés mes amis. Je fais ce que je peux de toute façon.

 

J'ai envie de partir d'Alger, encore, comme à chaque fois que j'y viens, et j'aurai envie d'y revenir une fois que je serai de l'autre côté, encore comme à chaque fois que j'y vais. C'est une double absence qui rend fou. A l'hôpital psychiatrique de Philadelphie il y avait une majorité de noirs, des hommes essentiellement. Même à Édimbourg où les noirs sont une minorité extrême ils étaient surreprésentés proportionnellement à la population locale. Tout le monde est fou me dit-on et j'acquiesce gentiment maintenant. Mais non, vous n'êtes pas fous les gens, vous êtes juste inconscients. Ou ignorants, vous pouvez choisir votre camp.                                                                                                                                       

Je n'arrive pas à dormir, une longue journée de traversée de frontières et de mers m'attend demain, je serai à Paris en plein JO. Je déteste ce concept idiot de jeux, d'humains-machines sacrifiés et entraînés toute leur vie pour amuser des foules passives et ébahies. Bien sûr on s'en sert pour faire de la politique, mais je préfère les mots pour faire de la politique, les mots et les idées. Pas des drapeaux ensanglantés. Je n’aime pas les drapeaux, je n’aime pas le circuler, autodéterminés et souverains. Je n’aime pas les frontières, Je n’aime pas les nations, je préfère les peuples libres de circuler mais ça n'existe pas encore ce concept. Même si ça y prétend naïvement.

Plusieurs athlètes des JO ont des comptes onlyfan pour subvenir à leurs besoins, parce que ça ne paye pas tant que ça d'être une machine entraînée. Ça ne paye pas non plus d'être artiste, mais comme dit warend les gens comme nous sont payés par bien plus que des billets. Je dis souvent que je déteste l'argent, et c'est une réalité qui vient certainement de mon vécu algérien socialiste mais aussi de ma maladie, j'aime à croire que c'est mon côté visionnaire aussi de comprendre que l'argent est le nerf du mal. Ça choque mon entourage, comme si ne pas aimer l'argent me dispensait de facto d'en avoir. Ben non, avoir besoin d'argent ne veut pas dire aimer l'argent, ça veut juste dire que je vis dans le monde réel. Et bien sûr que dès que je suis en épisode je me sens en mesure de vivre sans argent, je me détache du monde réel et ça a quelque chose de tellement libérateur. C'est pour ça que nous les fous quand on décide de vivre sans vous on vit aussi sans argent. Un jour c'est peut-être ça qui m'arrivera et je ne sais même pas si j'en serai plus malheureuse ou plus heureuse.

 Pendant tout mon séjour à Alger mon corps m'a dit non, d'abord en ayant mes règles pendant des semaines, puis par l'irruption de plaques s rouges qui démangent a des endroits de mon corps étranges. L'inconscient qui surgit dans le destin de mon corps. J'ai envie de tout envoyer balader, il paraît que j'en ai la légitimité médicale. Mais ce n’est pas vrai, j'ai une enfant et des responsabilités, alors je ferai ce que j'ai à faire comme toujours. Et je ne suis certainement pas à plaindre. Ma mère en voyant cette photo prise l'année dernière quand j'étais sous antipsychotiques m'a dit "Je ne te trouve pas belle dessus, t'es grosse et on ne dirait pas toi". Mais qui connait ce "moi" que tu prétends ne pas reconnaître maman ? Personne, à part moi. Bien sûr que c'est moi.

jeudi 15 août 2024

SIMILITUDE PHOTOGRAPHIQUE de visages et regards entre Arthur Rimbaud & Bob Dylan. - Illustration musicale : 'A Hard Rain's A-Gonna Fall' de/par Bob Dylan lors d'un concert, avec grand orchestre, au Japon ; + version en public de 1963.

 



À Marieke Janssen
À Ivar Ch' Vavar

J'avais, déjà, vu et longuement regardé cette photographie d'Arthur Rimbaud, moins connue et célèbre que celle prise par Carjat, à Paris en 1871, et qui est commenté, dans Vie d'Arthur Rimbaud* de Henri Matarasso et Pierre Petitfils, de la sorte : Cette photographie de Rimbaud a sans doute été prise à Charleville en 1869 ou 1870, et non à Paris, par Carjat en 1871 comme on l'a cru longtemps. 

J'ai toujours préféré cette photo et ayant lu que Carjat 'calculait', retouchait et retravaillait ses photographies afin de les rendre plus esthétique, je pense que celle qui aurait été prise à Charleville est beaucoup plus fidèle. 

J'avais, déjà, vu et longuement cette photographie... mais il a fallu que je trouve, en seconde main, aux Emmaüs de Beauvais, l'ouvrage Vie d'Arthur Rimbaud, pour en ouvrant le livre et redécouvrant la photo, que je sois frappé, subjugué, par la similitude des visages, des regards de Rimbaud et Bob Dylan, en me souvenant tout d'un coup, surtout, comme un éclair,  de cette photo espiègle de Dylan jeune et en entendant dans ma tête de la fabuleuse chanson 'A Hard Rain's A-Gonna Fall' (1962) dans laquelle le chanteur s'adresse à un fils aux yeux bleus, le regard d'Arthur ?... l'on connait l'admiration de Robert Zimmermann alias Bob Dylan ('Je est un autre' - Rimbaud) pour le poète Voleur de Feu... puis de surcroit nos deux hommes ont le regard bleu... alors c'est bien le magique de la poésie qui nous est offert là. 

Christian-Edziré Déquesnes.

*paru en 1962 aux éditions Hachette










mercredi 14 août 2024

ADMIRATIONS : Ouvrage de Boris Wolowiec consacrés à hommages à Lautréamont, Arno Otto Schmidt et Thelonious Monk, paru au printemps 2024 - Editions 'Les Météores' - Illustration Musicale : 'Solo Monk', album de Thelonious Monk.

 


Dans son style tout à fait particulier, personnel et vraiment unique, Boris Wolowiec, en 123 pages, livre trois 'hommages' qui sont des invitations à (re)découvrir Isidore Lucien Ducasse alias Comte de Lautréamont (1846-1870), Arno Otto Schmidt (1914-1979) et Thelonious Monk (1917-1982).

L'ouvrage s'articule en 3 parties dont voici à la suite des extraits

- Lautréamont, Relecture de l'Immortalité de l'Âme            dédicacé à Ivar Ch' Vavar.
...Etrange nom d'ailleurs que Ducasse, nom qui évoque à la fois la cassure, le vol et la fête foraine. Etrange pseudonyme que Lautréamont : l'autre est amont. l'autre se trouve au-dessus, en haut de la montagne et pourtant 'Je ne suis pas un autre'. Ainsi le pseudonyme Lautréamont recolle les morceaux du nom et le nom retrouvé accomplit ensuite le hold-up du pseudonyme. Isidore Ducasse Comte de Lautréamont c'est-à-dire comment se voler à soi-même la décomposition pseudonymique de son nom...

- Arno Schmidt, Le Chimiste des Météores                        dédicacé à Eric Chevillard
...L'écriture de Schmidt affirme l'exaltation de la tranquillité.
L'écriture de Schmidt accomplit l'alliance rythmique de l'exaltation et de la tranquillité.
.../...
...Schmidt donne parfois l'impression d'écrire comme sil désirait mourir écrasé par un météore. Schmidt n'écrit pas malgré tout comme il meurt. Schmidt écrit plutôt comme il dispose de la manière selon laquelle il aimerait mourir.
.../...
"Je ne voudrais pas être un dieu, beaucoup trop ennuyeux, un demi-dieu, je ne dis pas"...

- Thelonious Monk, Tact d'Enthousiasme du Coma                  dédicacé à Jean-Daniel Botta
...Monk joue du piano comme il cloue des marteaux. Monk joue du piano comme il cloue des marteaux à mains nues. Monk joue du piano comme il cloue le volcan des marteaux, comme il cloue le volcan des marteaux à mains nues.
.../...
...Monk martèle l'apocalypse du paradis. Monk martèle l'apocalypse du coma. Monk martèle l'apocalypse de paradis du coma.
.../...
...Monk joue du piano comme un Van Gogh sourd-muet. Monk joue du piano comme un Beethoven aveugle.
.../...
...Quand Monk s'amuse à tourner sur lui-même, Monk ne danse pas sur la musique, c'est plutôt la Musique qui danse sur Monk, c'est plutôt la musique qui danse sur le silence de Monk. La musique danse sur le silence de Monk comme un gibbon au cou d'un ours.

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Je recommande le blog de Boris Wolowiec===>
===> https://www.boriswolowiec.fr/

jeudi 8 août 2024

'La Vie secrète des Mots 18', la revue animée par Pascal Lenoir, est parue avec au sommaire Evelyne "Salope" Nourtier, Annie Krim-Dejean, Alaki, Didier Trumeau, Jean-Philippe Gilliot, Didier Ober, Eric Dejaeger, Alain-Jean Macé, Samuel Martin-Boche, Robert Roman, Sylvain Braud, Rémy Pénard, Pascal Weber, Michel Della Vedova , Clément Bulle et Philippe Pissier; - Illustration musicale : 'Art Pepper meets The Rhythm Section', album enregistré e 1957.

 


La nuit, les objets peuvent enfin respirer :
Ils se reposent de la présence humaine.
Aphorisme de Pascal Lenoir.

La Vie secrète des Mot est une publication gracieuse (à tirage limité) qu'on peut soutenir en envoyant, pour l'année 2024, 4 fois 2,58 euros (soit 10,32euros), en timbres (ou chèque à l'ordre de Pascal Lenoir, somme qui correspond à l'affranchissement de l'opuscule modeste mais nécessaires à son auteur et à ses amis qui en remercient par avance du fond du coeur. Les échanges de publication ou autres manifestations de l'esprit sont également vivement souhaités. Qu'on se le dise !
Spécimen gratuit sur demande
La Vie secrète des Mots
11, ruelle de Champagne 60680 Grandfresnoy France
Courriel : maryse.delafollie@orange.fr