jeudi 21 avril 2022

Christian-Edziré Déquesnes, entretien-partie 5/5 avec Claudia Félicia pour la revue-zine W.T.D Revival/Walkin' The Dog-le retour. - Illustrations Musicales : "Tore à la Rimbaud" de/par Van Morrison & "Drunken Head Ghost of Rimbaud Blues" par The Waterboys.

- Est-ce la faute à Rimbaud si tu es resté à Douai ? D'où vient ta passion pour lui ?

- Il y a un peu plus de 4 ans, alors que je vivais en région parisienne depuis un peu plus d'un an, un concours de circonstances qui auraient pu très mal finir pour moi en m'étant fatales,  m'ont amené à envisager, puis à décider, dans l'urgence à venir revivre dans le Nord, ou en Belgique. J'ai fini par opter pour Douai, ma ville natale, cette cité de Gayant, où Rimbaud a vécu, par deux fois, en 1870. Les raisons véritables de mon choix sont affectives en rapport à ma famille, mes fils et mes parents, pratiques aussi car Douai est une ville géographiquement bien située. De la cité de Gayant, je suis vite à Lille, Amiens, Arras et en Belgique où j'ai des attaches ; Mais au moment de finaliser mon choix, je ne peux pas nier qu'Arthur Rimbaud est entré en jeux, en je plutôt puisque je est un autre ; oui ! alors j'ai aussi pensé à lui, surtout que j'avais, déjà, cette idée d'écrire sur Rimbaud et/à Douai, un travail qui est devenu par la suite, un n° hors série d'une revue-zine :  A.R, un effaré à Douai qui resurgit aujourd'hui avec/dans Les inédits de Rimbaud, c'est nous, un ouvrage que j'ai initié aux éditions Douro et qui rassemble une bonne douzaine de Camarades, voir présentation via ===> 

===>https://www.editionsdouro.fr/christian-edzir%C3%A9-d%C3...

Arthur Rimbaud, je l'ai découvert en cm2 par la lecture d'un poème, un matin et à la place du cours d'éducation civique ; mon instituteur d'alors , un remarquable enseignant, Monsieur Caffiaux nous lit Les Effarés et quand il en  termine avec le poème, il ajoute en s'adressant à la classe "Demain matin, au petit-déjeuner, posez-vous la question : Pourquoi il y a du pain sur la table ?", alors imaginez la suite en sachant que mon père se prénomme Arthur. Je me souviens de cela comme si c'était hier, en avançant dans ma vie, je n'ai jamais oublié Rimbaud, je me suis de plus en plus intéressé à lui, à son parcours de vie, à sa fulgurance poétique. Il n'est pas pour ses poèmes et ses écrits, mon poète préféré, Baudelaire, Dylan Thomas & Dusan Matic me "bousculent" plus. Arthur Rimbaud son oeuvre, c'est aussi totalement sa vie au-delà des mots, de ses écrits, & cela m'intrigue. Ma passion pour lui c'est développé progressivement, c'est comme un cheminement, c'est être en quelque sorte sur Le chemin d'Arthur. J'ai l'impression que sa poésie est incarnée. Oui, Rimbaud me passionne comme Francis Bacon, en peinture ou/et Arno dans la Musique populaire car leurs oeuvres vivent.

- Enfin, tu ne peux y couper Edziré, ce prénom, "Edziré", pourrait-il t'avoir inscrit définitivement du côté du Désir, le Désir avec un grand D, cette libido qui traverse notre vie et se sublime en ART, et qui est l'essence même de toute création artistique ?

- Le grand D de Désiré, cela m'arrive droit de mon père Arthur Jean Déquesnes car c'est à lui que je dois ce troisième prénom désuet. Je devais, pour l'état civil, me prénommait Christian-Jacques ; mais mon père de retour de l'Hôtel de ville de Douai, annonce à la famille : C'est Christian-Jacques-Désiré. Edziré, c'est la forme picarde de ce prénom dont je ne savais que faire jusqu'au milieu des années 90's. Après avoir rencontré le poète Ivar Ch'Vavar, une rencontre improbable, il finit par devenir progressivement mon Camarade, mon ami et il me pousse au cul pour que je forme puis fasse vivre un groupe de blues-rock en picard, Chés Déssaquaches/Les Extractions, et aussi que je laisse se publier certains de mes poèmes, des choses dont j'avais toujours eu le désir mais n'osait pas les réaliser, les vivre. Ivar Ch'Vavar m'a signifié de signer ces "travaux" par Christian-Edziré, j'avais déjà opté pour Christian-Désiré, bien-sûr cela a été un grand signe de reconnaissance alors j'ai signé Christian-Edziré et je persiste. 

Bravo, pour cette dernière question qui avec justesse, je crois, permet de conclure d'une manière que je n'aurais pas pu imaginer sans elle. Je reprend la dernière phrase de votre question puis plus que la compléter, je l'adopte en lui soufflant d'autres mots et un peu de nuance dans son chant : Le Désir, avec un granD D, est cette libido qui nous traverse de notre naissance à notre mort, nos vies. La vie que l'ART sublime et cela est l'essence même, non ?, de toute création, et peut-être pas exclusivement qu'artistique car la poésie, la véritable poésie est au-delà des arts. 



dimanche 17 avril 2022

Christian-Edziré Déquesnes, entretien-partie 4 avec Claudia Félicia pour la revue-zine W.T.D Revival/Walkin' The Dog-le retour. - Illustrations Musicales : "Dji vous iess ti tchin" (reprise de "I Wanna Be Your Dog" de The Stooges) & "Li p'tite Gayole" (Traditionnel de Julos Beaucarne), par René Binamé et les roues de secours, punk-rock en picard du Borinage (Belgique).

- Ton art est-il un engagement politique ? Parle-nous de la GPM qui ressemble à un mouvement politique, une déclaration d'Amour à la langue Picarde, un écusson de trouvère... Et la question inévitable, je te la pose : qui honores-tu à travers cette langue ? 

- Mon "art" est la meilleure façon que j'ai trouvé pour vivre mes idées d'une manière épanouissante et qui me donne la sensation d'une élévation spirituelle. Je ne inscrit dans aucun parti politique et je ne me retrouve dans aucune religion, néanmoins j'ai des valeurs qu'il me semble cet entretien expose et il y a là-dedans une dimension politique mais ce n'est pas de la politique politicarde ; disons que j'essaye au mieux de m'inscrire dans la République de l'état ou je vis, dans une citoyenneté active & responsable.

La GPM, Grande Picardie Mentale, est un intitulé qui est venue à mon esprit et que j'ai conservé quand au milieu des années 90's, j'ai découvert l'oeuvre et le travail du poète d'Amiens, originaire de Berck, Ivar Ch'Vavar, cette "vision" qu'il développe à partir du territoire linguistique picard, cette "forêt invisible*", rendue invisible peu à peu par les derniers siècles écoulés. L'ensemble des revues "L'invention de la Picardie", puis les deux numéros de "K'minchint" (Commencement) que Ch'Vavar a auto-édité, met la lumière de par cette oeuvre sur cette réalité culturelle et sociale qui trouve son socle et ses racines dans la langue picarde, plutôt déclinaisons de la langue picarde car les variantes sont nombreuses, ce sont les patois, parlés régionaux, du territoire que l'on désigne de nos jours par l'intitulé "Les Haut-de-France", mais ce territoire linguistique s'étend aussi jusqu'en Belgique sur la zone de toute la Wallonie-picarde. Pour moi, si c'est une déclaration d'Amour, ce n'est pas juste à la langue picarde mais à la culture, les cultures plutôt, de cette terre où je suis né, une terre d'accueil et de travail, bienvenue aux derniers arrivants. Je ne m'inscrit pas dans un repli identitaire mais dans la volonté, le désir d'une véritable reconnaissance de la réalité culturelle et de l'histoire du pluralisme des Haut-de-France que pour ma part je nomme par Grande Picardie Mentale, mentale en opposition à administrative, et dans laquelle j'inclus toutes les générations d'étrangers qui sont venues sur ce territoire pour y travailler, s'y installer pour y vivre et c'est cela que j'honore à travers de par la GPM, une dimension qui est bien au delà de la langue, la langue picarde est pour moins le symbole de ce territoire ; pour nommer cela dans la seconde moitié des années 90 quand j'ai formé le groupe le blues-rock "Chés Déssaquaches" au sein duquel je chantais en picard mais aussi en français, pour nommer cela j'ai parlé de Grande Picardie Mentale et peu à peu chez certains le terme, l'expression est restée.

- Entre la tradition, conserver cette langue et la révolution de l'Art, dans cette contradiction, où te sens-tu le mieux ? En homme du passé ou homme du présent ? Est-ce de l'élitisme que de chanter dans une langue réservée aux initiés, ou une reconnaissance pour tous ceux qui se sont battus pour la perpétrer ?

- Pour moi, il n'y a aucune contradiction entre la tradition et la révolution de l'Art car l'homme d'aujourd'hui que je suis et qui avance dans le futur et sa finitude, se trouve bien dans l'élévation de par les pratiques artistiques et culturelles qu'il vit et qu'il partage. La tradition c'est le terroir ou les racines puissent des forces pour que le vivant puisse s'élever, voyez l'arbre, c'est concrètement le meilleur exemple, il a bien besoin de son terroir pour s'élever plus haut pour trouver plus de lumière. 


*La Forêt Invisible, anthologie de littérature picarde est un livre de Jacques Darras, Jacqueline Pinoche, René Debrie et Pierre Ivart alias Ivar Ch'Vavar, paru en 1985, éditions Trois Cailloux ; aujourd'hui, épuisé, il serait judicieux que cet ouvrage fasse l'objet d'une actualisation et d'une réédition.

vendredi 15 avril 2022

Pascal Lenoir & Christian-Edziré Déquesnes, un aperçu de leur échange de correspondances - Illustration Musicale : "Boblicity" de Miles Davis et "Ostende bonsoir" d'Arno.



Bonjour Christian,

En rouvrant quelques cartons d'archives, je me rends compte de l'énorme travail de publication qui est le tien et cela depuis longtemps.

Est-ce que l'association Part en Thèses à Arras existe toujours ? Tu y avais publié Les Nouveaux chants du Mabigoni (Novembre 2004)…

Merci de faire connaître la VSM auprès des étudiantes.

Bien amicalement,

Pascal L.

Cher Pascal, min Caùmarate ed Grandfresnoy

Tes archives sont énormes, un véritable trésor. Oui, j'ai publié beaucoup de choses des uns, des autres, de moi et surtout pour que CELA circule et transmettre, ce que tu fais aussi trés bien.  

Je désire, ce soir, partager avec toi, au son cool que tu aimes, de Miles Davis, cette photo du chevalet de Billy-Bercleau dans le Pas-de-Calais, elle a été prise par Marine, qui ne la transmise en début de soirée, l'une des 3 étudiantes que j'ai rencontré, hier, et auxquelles j'ai transmis tes 613 NOUVEAUX PROVERBES que tu as travesti pour La Vie secrète des Mots 9. 

Je transmet aussi, là, mes 2 collages pour illustrer mes textes pour les quatre pages de cartes blanches que tu m'as offert dans/pour le prochain La Vie secrète des Mots...

...Je t'écris postal, Pascal dans les jours qui suivent, et t'envoye les originaux de mes 2 collages pour le prochain n° de la formidable revue-livre la VSM.

L'association Part en Thèse n'existe plus mais j'ai conservé toutes leurs publications de poé-zine ; Tu évoques Les Nouveaux Chants du Mabigoni dont ils avaient publié 3 saisons, en 2004, depuis ce corpus de poèmes et de textes c'est étoffé et finalisé avec une saison 4, c'est désormais de l'inabouti abouti, comme dirait Ch'Vavar, et, là, après notre Rimbaud, mon prochain objectif c'est la publication de ces Mabigoni.

Bien vers Maryse et toi, je viens vous voir dés que possible, c'est idem pour Ch'Vavar, dés que je suis moins pris par la parution de notre ouvrage collectif  Les inédits de Rimbaud, c'est nous qui devrait être entre nos mains avant le premier mai.

À s'in vir', min Caùmarate ed Grandfresnoy

Christian-Edziré

Chevalet de la fosse de Billy-Bercleau dans le Pas-de-Calais, photo de Marine Mélancoline.

jeudi 14 avril 2022

Comme LA VIE EN ROSE CHEZ JAAAck ! avec Justine, Ganaëlle, Marine & Perrine ou des rencontres Arthuriennes imprévues, pour une lettre à Jacques Cauda. Illustrations Musicales : "L' héautontimorouménos" de Charles Baudelaire, musique de Léo Ferré, par Morgane Imbeaud et Jean Louis Murat & "Brusseld" de/par Arno.

La photo et les portraits d'Arthur Rimbaud & Amy Winehouse sont de Jacques Cauda

JAAAck, min Caùmarate

Depuis quelques jours, c'est donc bien le printemps qui en Paris, en face de ton atelier, jadis j'y suis passé chercher Amy, s'annonce de par ce magnifique arbre en fleurs que tu as photographié et publié sur les réseaux sociaux. Je confirme le printemps est bien là et je l'ai vécu, hier, de par le douaisie ; au matin, je me suis rendu rue des ferroniers à Douai afin d'y rencontrer une journaliste, Justine, pour commencer la campagne de réclames pour notre livre de Camarades Les inédits de Rimbaud, c'est nous...

 

...L'aprés midi à la boutique de seconde main Le vide grenier, à la sortie sud-est de Douai, je suis tombé nez à nez avec trois jeunes étudiantes en art plastique de l'université de Valenciennes, Ganaëlle, Marine & Perrine, qui m'ont acheté quelques livres d'art, nous avons discuté ensemble, un bel échange, et elles sont reparties avec aussi avec un jeu de cartes mail-art de notre Projet Muze Hic ! et un exemplaire de La Vie secrete des Mots de notre camarade Pascal Lenoir, puis elles devraient repasser tantôt à Douai pour visiter mon petit musée et l'"expo - Comme de passer Noël à la maison" et saluer Amy... 

...Bref, il y avait vraiment comme de l'A.R dans l'air, ici à Douai, hier, et comme le chantait et l'a enregistré Arno du temps de son groupe T.C Matic "L'union fait la force, ici, c'est la vie rose". 

 ...et bientôt je découvre une jeune Dame dont le poète préféré est Charles Baudelaire dont le Rimb' a écrit dans sa Lettre du voyant à Paul Demeny qu'il était le premier des voyants. Là, je n'avais plus l'impression d'avoir à faire à une journaliste et je ne serais pas étonné d'apprendre tantôt que Justine écrit d'autres choses que des articles pour un hebdomadaire douaisien d'informations.

 L'aprés midi à la boutique de seconde main Le vide grenier, à la sortie sud-est de Douai, je suis tombé nez à nez avec trois jeunes étudiantes en art plastique de l'université de Valenciennes, Ganaëlle, Marine & Perrine, qui m'ont acheté quelques livres d'art, nous avons discuté ensemble, un bel échange, et elles sont reparties avec aussi avec un jeu de cartes mail-art de notre Projet Muze Hic ! et un exemplaire de La Vie secrete des Mots de notre camarade Pascal Lenoir, puis elles devraient repasser tantôt à Douai pour visiter mon petit musée et l'"expo - Comme de passer Noël à la maison". Bref, il y avait vraiment comme de l'A.R dans l'air, ici à Douai, hier, et comme le chantait et l'a enregistré Arno du temps de son groupe T.C Matic "L'union fait la force, ici, c'est la vie rose".

Bises, min JAAAck. 

Christian-Edziré.







lundi 11 avril 2022

Christian-Edziré Déquesnes, entretien-partie 3 avec Claudia Félicia pour la revue-zine W.T.D Revival/Walkin' The Dog-le retour. - Illustration Musicale : "Music Is The Dope" par ARNO & "Walkin' The Dog" par Tjens Couter..

- Y a-t-il un lien entre toutes ces passions, si je peux utiliser ce terme, et y en a-t-il plus une qui pourrait satisfaire TOUS tes goûts ?

- Le lien entre toutes ces "passions", je préfére dire Muses, c'est simplement le magique des enchantements poétiques qui émane d'elles et qui témoignent du sacré de l'Humanité, de l'Histoire des Femmes, des Hommes et de leurs Enfants. Celle qui me bouleverse le plus c'est la/les Musiques, la Muze Hic !

- Dans cet éclectisme, ce désordre apparent, ne risques-tu pas d'être incompris, et que les "spectateurs", "voyeurs", le termes que tu veux, passent à côté de tes messages, donc de toi. Quelle importance pour toi a le regard, le ressenti de ceux qui sont interpelés par tes créations ? Et fais-tu cela AUSSI pour les autre ?

Peu importe le terme "spectateur", "voyeur" ou "autre" ; si elle, ou il, est et surtout se maintient dans cette posture alors c'est qu'avec cette personne je n'ai pas réussi à partager mes émotions, les raisons de mon investissement, je n'ai pas de messages à faire passer, ce que je désire transmettre est de l'ordre du plaisir de communiquer, échanger et partager des choses qui sont, là, à vivre. Quand à l'importance, c'est à autrui d'en accorder une ou non mais bien-sûr je suis heureux lorsqu'il y a un regard qui s'intéresse, une attention qui interroge. Je ne fais pas CELA exclusivement pour moi, ni pour les autres mais pour moi et certains autres, certains autres car je sais bien que personne ne peut plaire à tout le monde. Ce que je cherche à transmettre ce ne sont pas des messages, c'est plutôt de l'ordre de l'héritage, enfin je pense.

Transmettre et apprendre sont deux mots qui te guident dans ta vie. Peut-on considérer la création de ton Musée, qui regroupe musique, peinture, photos, collages, objets etc..., comme une forme de message, une représentation de toi, une oeuvre complète que tu transmets ? Et, retour à l'envoyeur, QUI t'a transmis ces deux valeurs ?

- Dans ma réponse précédente, j'ai énoncé le mot héritage à contrario de message, et, là, j'y reviens à cette énonciation, une notion d'ailleurs, cette dimension d'héritage, que visiblement tu as perçu puisque tu termines ta question par "...retour à l'envoyeur, qui t'a transmis ces deux valeurs ?". Ces deux valeurs plutôt que transmisent m'ont été révélées par deux personnes, Arno Hintjens et Ivar Ch'Vavar, deux personnalités, de par les échanges que j'ai pu avoir avec ceux, qui m'ont fait mesurer l'importance d'apprendre, du merveilleux qu'il a toujours à apprendre, d'avoir l'esprit ouvert à désirer encore à apprendre toujours mais aussi il y a la nécessité de partager, de communiquer ce que j'ai appris et sait, à autrui pour que ce que j'ai reçu, reçoit, fasse sens et conserve sa raison d'être, sinon cela reviendrait pour moi comme d'accepter l'idée que nous ne serions que des satanées machineries trés sophistiquées à oublier. Tout mon "travail" que j'essaye de transmettre n'est pas une oeuvre, c'est juste mon "travail", un "travail" que j'aime vivre. Créer c'est lutter contre l'oublie.


Bientôt face au 309 de la rue de L' Abbaye des Prés de Douai, Christian-Edziré Déquesnes ouvrira le colis... , le 13 mai, à l'occasion de l'anniversaire de l'arrivée à Douai de la première lettre du voyant d'Arthur Rimbaud, ...avec les premiers exemplaires de l'ouvrage collectif "Les inédits de Rimbaud, c'est nous" livrés à Douai. - Illustration Musicale : "Sensation" (extrait) d'Arthur Rimbaud par Félix Leclerc.



Le 13 mai prochain à Douai, Ch-Edziré Déquesnes, face au 309, rue de l'Abbaye des Prés, ouvrira le colis avec les premiers exemplaires de Les inédits de Douai, c'est nous qui seront livrés à Douai.

samedi 9 avril 2022

Christian-Edziré Déquesnes, entretien-partie 2 avec Claudia Félicia pour la revue-zine W.T.D Revival/Walkin' The Dog-le retour. - Illustration Musicale : "Dowm In The Sewer" (John Peel Session) de/par The Stranglers.


- Sur quelles fondations artistiques, philosophiques, politiques, construis-tu ton musée intérieur, imaginaire ?

- Ma réponse, du moins au début, vas certainement paraître singulière. Mes premiers livres, livres de jeunesse, c'est L'Iliade & L'Odyssée d'Homère, Les Chevaliers de La table ronde et Contes et légendes des indiens d'Amérique du Nord, un fort bel ouvrage illustré, le point commun de ces 3 livres c'est les mythes en littérature. J'étais gamin et ces histoires, personnages, de ces mythologies me fascinaient & me fascinent toujours puis il est vrai que mon imaginaire, musée intérieur, je reprends ton expression car elle me plait beaucoup, c'est échaffaudé à partir de cela.

Philosophiquement/politiquement, à la fin des années 70's, de par ma découverte musicale de The Stranglers, j'ai été "secoué" avec le mouvement punk ; d'ailleurs au-delà d'une étiquette que la presse collait aux Stranglers, ce groupe britannique n'était véritablement pas punk car d'entrée de jeu dans le cirque du punk, ils étaient décalés, baroque et cela m'a accroché de suite puis permis d'accepter le mouvement punk qu'au premier abord je ne voyais pas d'un bon oeil, bien que j'étais déjà à fond de fond dans Lou Reed & The Velvet Underground. 

Ce qui me plait dans le mouvement punk ce n'est pas le côté destroy et no future qui est négatif, mais c'est la dimension "Do It Yourself/Fais le par toi même" qui est elle positive. Puis il y a tout l'esprit situationniste de la sédition qui me sied, d'être une espéce de franc tireur de la culture, être ou pas dans la contre culture n'importe peu mais vivre la culture & bricoler artistiquement en étant en sédition cela me plait, puis plus j'avance, plus je me sens proche du situationnisme de Guy Debord dont j'ai vraiment compris l'importance seulement un peu avant les années 2000 à la lecture de Lipstick Traces, une histoire secrète du XXiéme siécle de Greil Marcus.

Pouvoir créer en étant le plus indépendant possible et ne pas être soumis, prisonnier à des régles sommes toutes trés mercantiles de La société du spectacle pour reprendre l'expression de Guy Debord, c'est en quelque sorte ma posture politique et philosophique mais je précise que je ne suis pas un anarchiste bien que d'aucune organisation politique, ni adhérent à aucun dogme religieux.

Mon musée intérieur, c'est vraiment une belle expression, c'est des mythes. Je pense, aussi, que l'Humanité à besoin de mythes ; les mythes ce n'est pas de la religion, c'est de la poésie, c'est la réalité sublimée. Bref, là, j'espère que je me fais comprendre.

- Tu présentes une telle multiplicité de toi au travers de tes créations, dans des domaines artistiques que tu vas nous présenter, que j'ai envie de te demander si cela représente une tentative de te perdre, te trouver ou renaître à chaque fois. Que penses-tu du terme "touche à tout" ? Et le fait de ne pas te cantonner dans un seul domaine artistique correspond-il au refus de n'appartenir à aucune catégorie ?

- "Touche à tout", oui, dans la mesure ou pour découvrir réellement les choses que j'ai à coeur de comprendre, j'ai besoin de les expérimenter afin de les appréhender de manière empirique, frontale et directe ; alors j'ai écris, réalisé seul ou en groupe des fanzines, écouter et fait de la musique, j'ai bricolé des collages, composé des chansons et des poémes, j'ai fait de la radio libre et des interviews d'artistes que j'apprécie. Tout cela non pas pour me perdre, ni me trouver, me retrouver, je pense que oui car j'ai failli enfants mourir par deux fois.

Oui, je n'appartiens à aucune catégorie, enfin j'essaye, j'essaye de cultiver cette liberté, cette ouverture de mon esprit le plus largement possible que je vois en la vivant comme une élévation spirituelle de par la/les culture(s), pratiques culturelles et artistiques, puis enfin exprimer que je ne fais pas tout cela pour l'argent, ni la gloriole, absolument pas car l'argent dans les arts et la culture c'est un piége terrible pour la liberté de la création.

À suivre...

Christian-Edziré Déquesnes, entretien-partie 1. avec Claudia Félicia pour la revue-zine W.T.D Revival/Walkin' The Dog-le retour - Illustration Musicale : "Je suis la mort" de/par Kloot Per W.

Ecrivain, chanteur, poète, souffleur de mots, musicologue etc... Christian-Edziré, tu es un essayiste qui s'essaye à tout. Serais-tu un artiste éclaté en des milliers de bulles multicolores ou recentré sur un noyau dur, sombre, caché ?

J'ai juste, là, pour commencer à répondre, cité une phrase que j'ai écris il y a quelque jour : Le noir est aussi une lumière, il suffit de savoir l'allumer pour y voir clair.

1. Tout d'abords, comment te définirais-tu, toi, en quelques mots ? Exercice très difficile, bien sûr, car très réducteur, et cet entretien pourrait nous permettre de découvrir davantage.

Je n'aime pas les étiquettes et surtout que l'on m'en colle une. Je déteste que l'on enferme l'humain dans des cases ; mais , là, à la suite de la publication de Muze Hic !, "travail" collectif que j'ai animé et publié, le critique littéraire et poète, Jean-Paul Gavard-Perret, dans la revue en ligne Le Littéraire, me désigne comme un créateur "dissident" et je crois que c'est assez juste. Aussi, comme j'ai un rapport très étroit (tout contre !) avec les Musiques, je pense qu'à ma singulière manière, empirique d'autodidacte forcené, je suis devenu une espèce de musicologue.

Parfois on me range dans la case "poète" mais je ne suis vraiment pas à l'aise avec ça. De nos jours, avec la "modernité" de l'informatique et d'internet, il y a, bientôt, autant de poètes que de sous-marques de sous-vêtements,  un Poète ce n'est pas CELA, pas de la sous-marque pour faire comme.

Pour ma part, j'aime juste écrire mais je n'arrive pas à la cheville d'un Arthur Rimbaud, Dylan Thomas ou Ivar Ch'Vavar que j'estime tous 3 hautements, ni à la cheville non plus d'autres poètes que j'aime moins ou pas. Pour moi le poète idéal est celui qui est décrit par Dylan Thomas dans son poème Dans mon métier, mon art morose :

Dans mon métier, mon art morose 

exercé dans la nuit silencieuse

quand la lune seule fait rage

quand les amants sont étendus

avec toutes leurs douleurs dans les bras,

je travaille, à la lumière du chant,

non par ambition, ou pour mon pain

ni pour le semblant, ni par commerce

de charmes sur des scènes d'ivoire 

mais pour le salaire ordinaire

du profond secret de leurs coeurs... 

Puis je me retrouve tout à mon aise dans la définition de la Poésie par Dusan Matic, au début de son recueil Bagdala 

   Il y a une vérité de la poésie. Il est vrai, cette vérité ne prouve rien. Elle n'est pas la vérité de la vie. Elle ne sert à rien. Il est qu'il en soit ainsi. Mais elle a parti lié à la vie. Coup de sonde dans l'infini, coup de sonde dans l'abîme. Rire dans l'infini. Rire dans l'abîme. Plongée dans l'essentiel. Son flux et son reflux. Miroir du monde. Miroir déformant, mais miroir. Tu peux le déchiffrer mais ne peux le briser. Tu peux la briser mais ne peux la déchiffrer. Non, tu peux la détruire. Elle existe à sa manière. Poétiquement. Mais la vie, à sa manière s'infléchit vers elle, en passant. En passant ? Mais tout n'est-il pas que passage : Les cristaux et les noeuds du passage. La vie.

1944. Extrait de "Notes" de Dusan Matic.

De passage, je ne suis qu'un petit "souffleurs de mots" et "passeurs de mo(r)ts... dans l'attente de mon heure.

- Quelles ont été tes premières émotions esthétiques ?

Premières émotions esthétiques je ne sais pas ce qu'il faut comprendre par cette expression, j'ai besoin, là, pour répondre de remplacer le terme esthétique par poétique ; non, pas de le remplacer de l'associer à poétique, premières émotions esthétiques/poétiques, cela me parle plus. Nos toutes premières émotions esthétiques/poétiques, nous n'en n'avons pas consciences, je suppose, car ce sont des souvenirs, enfouis en nous, de notre toute petite enfance, du temps où nous étions des nourrissons mais très certainement déterminant pour nos futurs émotions esthétiques/poétiques conscientes durant le cours de notre vie, enfin, je suppose, il faudrait discuter de cela avec quelques psycoquins de la psychanalyse.  Très tôt, j'ai aimé La Mer du Nord, Steve McQueen dans le feuilleton au nom de la loi, le feuilleton Le Prisonnier ; plus tard, vers l'âge de 45 ans, une exposition rétrospective du peintre Francis Bacon a été une émotion esthétique/poétique très forte pour moi. J'ai cité, là, des choses qui me sont venues spontanément à l'esprit mais ce n'est pas aisé comme exercice car cela fait appel à dévoiler des choses très intimes ; je me sens plus à l'aise pour citer mes dernières émotions esthétiques/poétiques les collages de Torben Doose, ma découverte, avec des échanges virtuels, de Kloot Per W, tout un univers, musicien belge, aussi peintre & à sa manière poète,  & le dernier concert d'Arno au Casino d'Ostende que j'ai vécu, aux côtés, de mon fils Simon.

à suivre...

20 février 2022 - collage de Torben Doose.

vendredi 8 avril 2022