lundi 19 août 2019

MAKE YOU FEEL MY LOVE - BOB DYLAN.






Te faire sentir mon amour

Quand la pluie te souffle au visage
Et que le monde entier t'en veut
Je pourrais t'offrir une chaude étreinte
Pour te faire sentir mon Amour

Quand les ombres du soir et les étoiles se montrent
Et qu'il n'y a personne pour sécher tes larmes
Je pourrais te retenir un million d'années
Pour te faire sentir mon Amour

Je sais que tu ne t'es pas encore décidée
Mais je le sais depuis qu'on s'est rencontrés
Je le sais depuis qu'on c'est rencontrés
Aucun doute, pour moi, sur la place qui est la tienne

J'irais affamé, j'irais couvert de bleus
J'irais ramper sur le boulevard
Je serais capable de tout
Pour te faire sentir mon Amour

Les tempêtes se déchaînent sur la mer houleuse
Et sur la grand-route du regret
Le vent du changement soufflent librement
Tu n'as encore rien vu qui me ressemble

Je pourrais te rendre heureuse, réaliser tes rêves
Je serais capable de tout
J'irais aux extrémités de la terre pour toi
Pour te faire sentir mon Amour
Bob Dylan,
chanteur populaire et Poète.
Prix Nobel de Littérature 2016.








samedi 17 août 2019

DIGNITY - BOB DYLAN



Le gros qui regarde une lame d'acier
Le maigre, qui regarde son dernier repas
L'homme creux, qui scrute un champ de coton
Cherchent la Dignité

Le sage, qui scrute un brin d'herbe
Le jeune, qui scrute les ombres qui passent
Le pauvre, qui des yeux parcourt le vitrail
Cherchent la Dignité

Quelqu'un s'est fait tuer la veille du nouvel an
Quelqu'un a dit que la Dignité fut la première à foutre le camp
Je suis allé dans la cité, allé dans la ville
Allé dans le pays du soleil de minuit

Je cherche en haut, cherche en bas
Je cherche partout où je connais
Je demande aux flics partout où je vais
La Dignité, vous l'avez vue ?

L'aveugle se sort de sa transe
À deux mains, il fait les poches de la chance
Espère y trouver une circonstance
De Dignité

Je suis allé où les vautours se repaissent
Je serai allé plus profond mais c'était pas utile
J'entendais les langues des anges et les langues des hommes
Pour moi pas de différence

Vent glacé comme lame de rasoir
Maison en flammes, dettes de souffrance
Je vais me planter devant la fenêtre, demander à la jeune femme
As-tu vu la Dignité

Rencontré le prince Phillip dans la maison du blues
M'a dit qu'il me rancarderait si son nom n'apparaissait pas
Il voulait une avance, se disait maltraité
Par la Dignité

Des empreintes qui courent sur le sable argenté
Des pas qui mènent à Tatouageland
J'ai rencontré les fils des ténèbres et les fils de la lumière
Dans les villes frontières du désespoir

Pas d'endroit où disparaître, pas de manteau
Je suis sur l'eau qui coule dans un bateau qui tangue 
J'essaie de lire une note qui a été rédigée
Sur la Dignité

Le malade qui cherche le remède du docteur
Qui cherche dans ses mains les lignes qu'il y avait
Et dans tous les chefs-d'oeuvre littéraires
La Dignité

L'Anglais échoué dans le vent mauvais
Qui rejette en arrière ses cheveux, son avenir paraît compromis
Il serre les dents et cherche en lui
La Dignité

Quelqu'un m'a montré une photo et j'en ai ri
La Dignité on ne l'a jamais prise en photo
J'ai été dans le rouge, j'ai été dans le noir
Dans la vallée des rêves d'os séché

Tant de route et un tel enjeu
Tant d'impasses, je suis au bord du lac
Parfois je me demande combien de temps ça va prendre 
De trouver la Dignité.

- 1991. BOB DYLAN, prix Nobel 2016 de Littérature.

mardi 6 août 2019

RIMBAUD TEL QUE JE L'AI CONNU de Georges Izambard


'...Ce Rimbaud-ci, c'est le Rimbaud première manière (1870-1871), c'est le  "Poucet rêveur", menu et timide - fiez-vous à ces timidité-là - l'élève de rhétorique un peu guindé, sage et douceâtre, aux ongles propres, aux cahiers sans tache, aux devoirs étonnamment corrects, aux notes de classes idéalement scolaires, bref un de ces petits montres exemplaires et impeccables, 
incarnant au superlatif le type de la bête à concours, de "l'assis" de collège... Masque d'habitude et non d'hypocrisie, non voulu sans doute, mais que je lui vis toujours sur son banc de classe...
Trouvé en Douai dans une bouquinerie de seconde main
le livre du professeur de Lettres,Georges Izambard,
au sujet de son élève, Arthur Rimbaud.
Photo : Félicité Bluebee.

...Le Rimbaud intime que j'ai connu parallèlement, que j'ai vite appris à connaître quand il m'attendait à la sortie pour m'accompagner jusqu'à ma porte, c'est l'intellectuel vrai, tout vibrant de passion lyrique, et si ingénument fier de se révéler tel, si heureux de trouver enfin à qui parler de vers et de poètes !... C'est l'enfant, traité d'abord en camarade plus jeune et peu à peu en ami cher, dont j'ai reçu les premières confidences, exacerbées par l'oppression familiale, les premiers aveux d'ambition littéraire impatiente, et enfin ces chaudes effusions de cœurs que révèlent ses lettres, et dont il s'est montré, comme on l'a remarqué, fort peu prodigue en d'autres temps... '
Georges Izambard.