Lettre du 5 septembre d'Arthur Rimbaud à Georges Izambard.
"Cher Monsieur,
Ce que vous me conseillez de ne pas faire, je l'ai fait : je suis allé à Paris, quittant la maison maternelle ! J'ai fait ce tour le 29 août.
Arrêté en descendant de wagon pour n'avoir pas un sou et devoir treize francs de chemin de fer, je fus conduit à la préfecture, et, aujourd'hui, j'attends mon jugement à Mazas ! oh ! - j'espère en vous comme ma mère ; vous m'avez toujours été comme un frère : je vous demande instamment cette aide que vous m'offrîtes. J'ai écrit à ma mère, au procureur impérial, au commissaire de police de Charleville ; si vous ne recevez de moi aucune nouvelle mercredi, avant le train qui conduit de Douai à Paris, prenez ce train, venez ici me réclamer par lettre, ou en vous présentant au procureur en priant, en répondant de moi, en payant ma dette !
Faites tout ce que vous pourrez, et, quand vous recevrez cette lettre, écrivez, vous aussi, je vous l'ordonne, oui, écrivez à ma pauvre mère (Quai de la Madeleine, 5, Charleville) pour la consoler. Ecrivez-moi aussi ; faites tout ! Je vous aime comme un frère, je vous aimerai comme un père.
Je vous serre la main. Votre pauvre Arthur Rimbaud (détenu) à Mazas (et si vous parvenez à me libérer, vous m'emmènerez à Douai avec vous)."
...dès
son arrivée à la Gare du Nord, Arthur est arrêté, car les contrôles à Paris, en
raison des troubles politiques, et ce jeune garçon sans billet valide paraît
suspect aux contrôleurs. Le procès-verbal suivant est dressé : « Le
31 août 1870 – Gare de Paris – j’ai envoyé au dépôt de la préfecture de police
le sieur Rimbaud âgé de 17 ans et demi, venu de Charleroi à Paris avec un
billet pour Saint-Quentin et sans domicile, ni moyen d’existence. »
Rimbaud
a refusé de donner l’adresse de sa mère et il se vieillit de deux ans. Dans ses
poches, on ne trouve pas d’argent, ni de pièces d’identité mais quelques
feuilles griffonnées de choses étranges. Le jeune homme n’a de cesse de dire
que c’est de la poésie, la police y voit plutôt des messages codés.
Du dépôt de la préfecture
de police, en attendant d’être jugé, il est transféré à la maison d’arrêt de
Mazas, situé boulevard Diderot, à Paris...
Il y a 150 ans, jour pour jour, ARTHUR RIMBAUD est en Belgique ! mais il n'as pas encore rencontrer Paul Verlaine, cela aura lieu à Paris, ce n'est que quelques années plus tard qu'Arthur, sur La Grande Place de Bruxelles, va tirer, PAN !, un coup de pislotet sur Paul.
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Collage 'A.R à Douai' de S.O.D.A 2020 d'aprés dessins de Jacques Cauda.
Pour Arthur Rimbaud à Douai où il a tout de même séjourné par deux fois et envoyé les deux lettres du Voyant, c'est bien triste et cela ne date pas d'aujourd'hui
! il y a plus de 20 ans, j'ai fait la remarque à l'adjoint à la culture
de Douai de l'époque qu'il n'y avait pas de boulevard, de rue, ARTHUR
RIMBAUD... quelques années aprés, nous avons eu une impasse Rimbaud !? À ce sujet et sur cette autre point, j'ai écris au maire actuel qui m'a certes répondu mais que l'on ne pouvait pas débaptiser une rue car cela troublerait les habitudes des habitants, faut-il entendre que cela serait un chamboulement trop pertubant pour les concitoyens douaisiens si on leur en expliquait la bonne raison historique ? Bref ! autant en rire car c'est que le bougre aurait finir par faire en
allant vendre des fusils...
Les Camarades et horribles travailleurs qui ont contribué à aider la finalisation de cet essaie sont :
-Sylvie
Saez, Anne Letroré et Ivar Ch’Vavar pour des relectures.
-Jean-Paul
Gavard Perret, de la revue en ligne Le littéraire, pour la préface.
-Pascal
Lenoir pour ‘Arthur Rimbaud dans le contexte de la guerre de 1870’.
-Anne Letoré
& Christoph’ Bruneel, des édition L’âne qui butine, pour la réalisation de
la maquette.
-Jacques
Cauda pour les portraits d’Arthur Rimbaud et Georges Izambard.
Ici, à tous
les septs, remerciements vifs et fraternels.
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Préface (extrait) : ...lire Rimbaud - comme ceux qui l'ont compris et
Christian-Edziré en premier - la question reste posée : Est-ce que nous avons
grandi un jour ? Quand était-ce ?
Et l'essaysite de rappeler que rien ne change même
quand dans les foins un coquelicot danse. Le chant du silence a remplacé le
noir événementiel d'un particulier printemps : néanmoins les simulacres de la
société des spectacles vont reprendre et leurs mascarades avec.
"Tandis qu'un blues du siècle dernier saigne en
s'échappant du haut-parleur de mon poste radio" Christian-Edziré contre la
"Célébration du retour de l'invisible Dragon" sait que Arthur Rimbaud
va devoir encore attendre un
sacré bout de temps pour arrêter de vendre ses pétoires...
Jean-Paul Gavard Perret.
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‘Arthur Rimbaud dans le contexte de la guerre de 1870’. - Extraits.
La guerre
franco-allemande a opposé la France à la Prusse (rejoint par quatre États allemands
du sud du Main) du 19 juillet 1870 au 26 février 1871.. ...Dans le froid,
Paris assiégé meurt de faim. Pour se nourrir, la population chasse les chiens,
les chats, les rats et découpe la viande des chevaux morts ; on abat les
animaux du Jardin des plantes. Les boulangers cuisent un pain de composition
inconnue...
Pascal Lenoir.
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'Un effaré à Douai' - extraits-épisode 1.
...Cependant
les événements se précipitent dans le contexte politique, tant à l’intérieur
qu’à l’extérieur, de la France. Le 2 août 1870, c’est l’annonce de la victoire
de Sarrebrück contre les Prussiens et la foule s’enflamme à Charleville :
des cortèges se forment dans la soirée et dans la nuit avec des torches ils
défilent dans les rues aux cris de : « À Berlin ! À
Berlin ! ». L’enthousiasme patriotique a gagné les élèves du collège
au point qu’ils décident d’ouvrir une collecte pour les blessés et d’offrir
ainsi à la patrie l’argent de la vente leurs livres de prix de fin d’année. Un
seul s’y oppose, Arthur Rimbaud qui a la distribution des prix du 6 août, se
voit décerner sept premiers prix, un second prix, plusieurs distinctions et le
premier prix de vers latins du Concours académique ? Pour ce dernier, il a
droit à deux volumes offerts par l’académie de Douai...
...Dans
le contexte politique de la guerre, c’est l’affolement, la débandade qui secoue
alors Charleville. S’installe la crainte que les trains ne circuleraient
bientôt plus. Alors le 29 août, Arthur est persuadé qu’il est temps pour lui de
quitter Charleville pour Paris et, riche d’une vingtaine de francs de la vente,
chez un bouquiniste, de ses prix, dont ceux de l’académie de Douai,il se rend à la gare ; mais la ligne
directe pour la capitale est coupée par la cavalerie allemande à 30 kilomètres
de Charleville, seule reste libre la direction pour la Belgique ; alors au
lieu de renoncer, le jeune Arthur décide de partir tout de même avant que les
Prussiens ne soient en ville et que même les voies vers le Nord et la Belgique
ne soient fermées.Il prend à la hâte
l’un des derniers trains pour Givet, avec l’idée de se rendre à Charleroi, il y
passe la journée du 30, où il pourra prendre l’express Bruxelles-Paris, via
Soisson et Saint Quentin mais les frais du détour ne lui permette à Charleroi, que
d’acheter un billet pour St Quentin. Se disant que l’aventure vaut la peine
d’être tentée, il prend le lendemain un train pour Paris avec son billet pour
St Quentin.Il pense que dans les
troubles de la guerre et la perturbation des contrôles, il ne sera pas
inquiété...
...à suivre...
BONUS
L'album complet d'Hector Zazou, paru en 1996, Arthur Rimbaud.