Voilà un désir irrépressible qui poursuit Julien Blaine depuis quelques années.
C’est devenu chez lui une obsession, à chaque repas son menu comporte en hors-d’œuvre la question :
« Comment devenir enfin végétarien après toutes ces années d'omnivore ? Comment résister ? Comment lutter contre le laisser aller social ? Le laisser faire amical ou familial ? La facilité ? La faiblesse ? L’indolence ? Le laxisme ? »
Alors dans Ce petit bestiaire naïf, dans sa version abrégée, dans ce livret destinée à une amie de longue date, Frédérique Guétat-Liviani-Maury et ses éditions Fidel Anthelme X, il essaie enfin de se mettre en règle avec les animaux et c’est sans doute une révolution pour lui d’écrire et de dire et de faire et de prendre langue sur une telle thématique même si son lecteur reconnaîtra dans quelques pages l’une de ses formes écrites privilégiées : le Bimot ou ce rapport intime créatif et fécond qu’il entretient avec les « écritures » et autres « traces » de la poésie et de l’art préhistorique et contemporain, des grottes aurignaciennes de Cosquer ou Chauvet où son corpus est considérable jusqu’au Bestiaire de Guillaume Apollinaire ou aux Histoires naturelles de Jules Renard, en passant par tous les fabulistes de Jean de La Fontaine à Francis Ponge, la fable : forme à laquelle il s’attelle constamment !
Depuis des années, déjà, il ne touchait plus aux céphalopodes ni de la langue ni des dents. Son unique relation avec eux est de caresser les poulpes au fond des calanques des rives méditerranéennes…
C’est ce frère marin aux 4 cerveaux, aux 3 cœurs, aux 8 bras et aux ondes mystérieuses qui l’a convaincu avec sa propre conscience de ne plus manger aucun animal.
Alors il relit, il les cite, par exemple :
« Pourquoi les bêtes sont-elles toutes de ma famille, comme les hommes, autant que les hommes ? »
« La cause des animaux passe avant le souci de me ridiculiser. »(Emile Zola)
« J’ai rejeté la viande depuis très tôt dans mon enfance et le temps viendra où les hommes, comme moi, regarderont le meurtre des animaux comme ils regardent maintenant le meurtre de leurs semblables. » (Leonardo da Vinci
« Tant qu’il y aura des abattoirs, il y aura aussi des champs de batailles. » (Léon Tolstoï)
« Qu’y a-t-il de plus repoussant que de se nourrir continuellement de chair de cadavre ? » (Voltaire)
Quant à lui, il écrit par exemple :
Et hier elle est entrée dans mon univers :
« Tu sais , j’ai compris une chose, tu as raison ces gravures et peintures au fond des grottes sont œuvres de femmes, et j’ai eu une révélation : elles tracent et gravent ça pour présenter leurs excuses aux animaux chassés, tués, mangés. »