Te faire sentir mon amour Quand la pluie te souffle au visage Et que le monde entier t'en veut Je pourrais t'offrir une chaude étreinte Pour te faire sentir mon Amour Quand les ombres du soir et les étoiles se montrent Et qu'il n'y a personne pour sécher tes larmes Je pourrais te retenir un million d'années Pour te faire sentir mon Amour Je sais que tu ne t'es pas encore décidée Mais je le sais depuis qu'on s'est rencontrés Je le sais depuis qu'on c'est rencontrés Aucun doute, pour moi, sur la place qui est la tienne J'irais affamé, j'irais couvert de bleus J'irais ramper sur le boulevard Je serais capable de tout Pour te faire sentir mon Amour Les tempêtes se déchaînent sur la mer houleuse Et sur la grand-route du regret Le vent du changement soufflent librement Tu n'as encore rien vu qui me ressemble Je pourrais te rendre heureuse, réaliser tes rêves Je serais capable de tout J'irais aux extrémités de la terre pour toi Pour te faire sentir mon Amour
'...Ce Rimbaud-ci, c'est le Rimbaud première manière (1870-1871), c'est le "Poucet rêveur", menu et timide - fiez-vous à ces timidité-là - l'élève de rhétorique un peu guindé, sage et douceâtre, aux ongles propres, aux cahiers sans tache, aux devoirs étonnamment corrects, aux notes de classes idéalement scolaires, bref un de ces petits montres exemplaires et impeccables,
incarnant au superlatif le type de la bête à concours, de "l'assis" de collège... Masque d'habitude et non d'hypocrisie, non voulu sans doute, mais que je lui vis toujours sur son banc de classe...
Trouvé en Douai dans une bouquinerie de seconde main
le livre du professeur de Lettres,Georges Izambard,
au sujet de son élève, Arthur Rimbaud.
Photo : Félicité Bluebee.
...Le Rimbaud intime que j'ai connu parallèlement, que j'ai vite appris à connaître quand il m'attendait à la sortie pour m'accompagner jusqu'à ma porte, c'est l'intellectuel vrai, tout vibrant de passion lyrique, et si ingénument fier de se révéler tel, si heureux de trouver enfin à qui parler de vers et de poètes !... C'est l'enfant, traité d'abord en camarade plus jeune et peu à peu en ami cher, dont j'ai reçu les premières confidences, exacerbées par l'oppression familiale, les premiers aveux d'ambition littéraire impatiente, et enfin ces chaudes effusions de cœurs que révèlent ses lettres, et dont il s'est montré, comme on l'a remarqué, fort peu prodigue en d'autres temps... '