samedi 9 avril 2022

Christian-Edziré Déquesnes, entretien-partie 1. avec Claudia Félicia pour la revue-zine W.T.D Revival/Walkin' The Dog-le retour - Illustration Musicale : "Je suis la mort" de/par Kloot Per W.

Ecrivain, chanteur, poète, souffleur de mots, musicologue etc... Christian-Edziré, tu es un essayiste qui s'essaye à tout. Serais-tu un artiste éclaté en des milliers de bulles multicolores ou recentré sur un noyau dur, sombre, caché ?

J'ai juste, là, pour commencer à répondre, cité une phrase que j'ai écris il y a quelque jour : Le noir est aussi une lumière, il suffit de savoir l'allumer pour y voir clair.

1. Tout d'abords, comment te définirais-tu, toi, en quelques mots ? Exercice très difficile, bien sûr, car très réducteur, et cet entretien pourrait nous permettre de découvrir davantage.

Je n'aime pas les étiquettes et surtout que l'on m'en colle une. Je déteste que l'on enferme l'humain dans des cases ; mais , là, à la suite de la publication de Muze Hic !, "travail" collectif que j'ai animé et publié, le critique littéraire et poète, Jean-Paul Gavard-Perret, dans la revue en ligne Le Littéraire, me désigne comme un créateur "dissident" et je crois que c'est assez juste. Aussi, comme j'ai un rapport très étroit (tout contre !) avec les Musiques, je pense qu'à ma singulière manière, empirique d'autodidacte forcené, je suis devenu une espèce de musicologue.

Parfois on me range dans la case "poète" mais je ne suis vraiment pas à l'aise avec ça. De nos jours, avec la "modernité" de l'informatique et d'internet, il y a, bientôt, autant de poètes que de sous-marques de sous-vêtements,  un Poète ce n'est pas CELA, pas de la sous-marque pour faire comme.

Pour ma part, j'aime juste écrire mais je n'arrive pas à la cheville d'un Arthur Rimbaud, Dylan Thomas ou Ivar Ch'Vavar que j'estime tous 3 hautements, ni à la cheville non plus d'autres poètes que j'aime moins ou pas. Pour moi le poète idéal est celui qui est décrit par Dylan Thomas dans son poème Dans mon métier, mon art morose :

Dans mon métier, mon art morose 

exercé dans la nuit silencieuse

quand la lune seule fait rage

quand les amants sont étendus

avec toutes leurs douleurs dans les bras,

je travaille, à la lumière du chant,

non par ambition, ou pour mon pain

ni pour le semblant, ni par commerce

de charmes sur des scènes d'ivoire 

mais pour le salaire ordinaire

du profond secret de leurs coeurs... 

Puis je me retrouve tout à mon aise dans la définition de la Poésie par Dusan Matic, au début de son recueil Bagdala 

   Il y a une vérité de la poésie. Il est vrai, cette vérité ne prouve rien. Elle n'est pas la vérité de la vie. Elle ne sert à rien. Il est qu'il en soit ainsi. Mais elle a parti lié à la vie. Coup de sonde dans l'infini, coup de sonde dans l'abîme. Rire dans l'infini. Rire dans l'abîme. Plongée dans l'essentiel. Son flux et son reflux. Miroir du monde. Miroir déformant, mais miroir. Tu peux le déchiffrer mais ne peux le briser. Tu peux la briser mais ne peux la déchiffrer. Non, tu peux la détruire. Elle existe à sa manière. Poétiquement. Mais la vie, à sa manière s'infléchit vers elle, en passant. En passant ? Mais tout n'est-il pas que passage : Les cristaux et les noeuds du passage. La vie.

1944. Extrait de "Notes" de Dusan Matic.

De passage, je ne suis qu'un petit "souffleurs de mots" et "passeurs de mo(r)ts... dans l'attente de mon heure.

- Quelles ont été tes premières émotions esthétiques ?

Premières émotions esthétiques je ne sais pas ce qu'il faut comprendre par cette expression, j'ai besoin, là, pour répondre de remplacer le terme esthétique par poétique ; non, pas de le remplacer de l'associer à poétique, premières émotions esthétiques/poétiques, cela me parle plus. Nos toutes premières émotions esthétiques/poétiques, nous n'en n'avons pas consciences, je suppose, car ce sont des souvenirs, enfouis en nous, de notre toute petite enfance, du temps où nous étions des nourrissons mais très certainement déterminant pour nos futurs émotions esthétiques/poétiques conscientes durant le cours de notre vie, enfin, je suppose, il faudrait discuter de cela avec quelques psycoquins de la psychanalyse.  Très tôt, j'ai aimé La Mer du Nord, Steve McQueen dans le feuilleton au nom de la loi, le feuilleton Le Prisonnier ; plus tard, vers l'âge de 45 ans, une exposition rétrospective du peintre Francis Bacon a été une émotion esthétique/poétique très forte pour moi. J'ai cité, là, des choses qui me sont venues spontanément à l'esprit mais ce n'est pas aisé comme exercice car cela fait appel à dévoiler des choses très intimes ; je me sens plus à l'aise pour citer mes dernières émotions esthétiques/poétiques les collages de Torben Doose, ma découverte, avec des échanges virtuels, de Kloot Per W, tout un univers, musicien belge, aussi peintre & à sa manière poète,  & le dernier concert d'Arno au Casino d'Ostende que j'ai vécu, aux côtés, de mon fils Simon.

à suivre...

20 février 2022 - collage de Torben Doose.

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