vendredi 6 novembre 2020

ARTHUR RIMBAUD & PAUL VERLAINE, Une nouvelle tentative des panthéonisateurs est toujours possible. Restons vigilants. SOYONS FORTS !

Dirk Annegarn interprétant L'Eternité d'Arthur Rimbaud
 

« […] vaillants, arthuriens, leurs couleurs déchirèes par la grenaille déroulées sous les panaches désordonnés de fumées, avec, sur leur visage, cette lumière fatale qui vous remettait en mèmoire que la bataille n’est jamais vraiment terminée, que nous ne sommes jamais tout à fait maître du terrain ».

- Extrait et fin de : Dans la brume électrique avec les morts confédérés de James Lee Burke.

 

Arthur Rimbaud et Paul Verlaine par Jacques Cauda

 

Chers Amis, en pièce-jointe la prise de position de François Leperlier avec vos signatures...

Merci !
 
Ivar Ch'Vavar 

Voici, chers Amis, le texte que vous avez signé, cette fois suivi de toutes nos signatures. Il sera adressé aujourd’hui (5 novembre) notamment aux sites et revues suivants : Le Comptoir, Décharge, En attendant Nadeau, Fabula, L’Intranquille, Poezibao, Sitaudis, Soapbox.

Une nouvelle tentative des panthéonisateurs est toujours possible. Restons vigilants.

Merci à tous ! 

Les ennemis jurés d’Arthur Rimbaud et de Paul Verlaine

Une pétition fut ouverte en septembre 2020, patronnée par une douzaine de ministres, pour demander sérieusement l’entrée conjointe d’Arthur Rimbaud et de Paul Verlaine au Panthéon.

Si l’on considère les nombreuses protestations qui n’ont pas tardé à s’exprimer, on peut juger que la plupart des contre-arguments ont été présentés, avec une diligence dont on ne peut que se féliciter[1]. La panthéonisation des deux poètes, dont l’œuvre et la vie marquent le plus complet désaveu de ce qu’elle représente, serait autant une bouffonnerie inepte qu’une formidable escroquerie intellectuelle.

Déjà, en 1927, les surréalistes ont dû s’élever contre l’édification d’une statue de Rimbaud à Charleville. A peu de choses près, le réquisitoire, qui met déjà en cause la morale du ressentiment, pourrait être resservi tel quel :  Il fut toujours contre tout ce qui est, vous faites semblant de l’avoir oublié. N’essayez pas de tricher : vous n’élevez pas une statue à un poète « comme un autre », vous élevez cette statue par rancune, par petitesse, par vengeance. Vous voulez réduire celui qui admirait « le forçat intraitable sur qui se referme toujours le bagne ».

« Le drapeau va au paysage immonde ».

L’hypocrisie étend la hideur de sa main sur les hommes que nous aimons pour les faire servir à la préservation de ce qu’ils ont toujours combattu. « Je ne comprends pas les lois ; je n’ai pas le sens moral, je suis une brute : vous vous trompez ».[2]

Mais, l’entreprise d’aujourd’hui ne vise pas seulement à rendre Rimbaud et Verlaine compatibles avec un monde qu’ils n’ont cessé de rejeter ; elle n’eût certainement jamais germé si elle n’avait été surdéterminée par des motifs et des enjeux d’un autre ordre[3].

Il s’agit expressément de tirer argument d’un rapport amoureux, et de satisfaire au désir de voir entrer un couple homosexuel au Saint des saints de la République... On en est là ! Au risque de laisser penser que tout le reste n’est que prétexte ou littérature.

On nous sert un roman politiquement correct du temps d’un compagnonnage passionnel que Rimbaud dût fuir. On escamote les rêveries et les conduites hétérosexuelles ou bisexuelles, aussi avérées chez l’un que chez l’autre. On écarte soigneusement la diversité des amours de Verlaine, alternant les femmes et les hommes, porté vers l’orgie, les prostituées, les « galopins aux yeux de tribade », ou les « galopines »[4], on refoule ses tentatives de « féminicide » (!) sur sa mère, puis sur sa femme, qui annonçaient les coups de revolver de Bruxelles contre Rimbaud. Bizarrement, dans l’environnement sinistre et moralisateur que nous vivons, on s’attendrait plutôt à ce que notre cher Verlaine se retrouve dans le collimateur de « balance ton porc » plutôt que dans la crypte du Panthéon !

Mais, il s’agit ici de faire avant tout valoir une cause et non d’établir une vérité. On s’applique à un exercice de déconstruction et de censure, qui ruine le sens et manipule les faits, sur fond de nihilisme intellectuel. Toute contestation, y compris la plus légitime, la plus pertinente, se voit systématiquement mise au compte de l’homophobie ! Chantage intolérable et pitoyable, qui finira par s’user comme le reste. On va même jusqu’à vouloir nous ahurir en prétendant que les opposants à la panthéonisation des poètes révoltés sont rien moins que des suppôts de l’ordre moral ! Ces gens-là, que le ressentiment égare, sont prêts à n’importe quoi !

Depuis quand l’orientation sexuelle est-elle censée fournir un atout décisif pour bénéficier des honneurs (s’ils en sont !) de la République… ? Verra-t-on bientôt s’allonger indéfiniment une liste de grands prétendants où, posée comme un critère, la « foi sexuelle » (Claude Cahun) des uns sera mise en concurrence avec celle des autres ?  Il faudra peut-être que certains s’efforcent de surmonter leur sexe pour avoir les idées claires !

En tout cas, s’il y en a un qui se réjouit au cimetière de Charleville, c’est bien Paterne Berrichon ! Voir son beau-frère, absous de ses frasques, devenu bien respectable, encensé par les autorités et les nouveaux donneurs de leçon de morale, le voir faire son entrée en grande pompe au Panthéon, il n’eût jamais osé y songer !

François Leperlier 

  Patrice Allain    Jean Azarel Kim Andringa    Jean-Marc Aubert    Auxeméry   Martine Baert    Jacques Barbaut    Stéphane Batsal    François Beauvy    Anne-Marie Beeckman    Philippe Blondeau    Jean-Marc Bourg    Isabelle Bourgueil    Charles-Mézence Briseul    Jean-Marie Brohm    Daniel Cabanis    Nathalie Caritoux    Francis Carpentier    Philippe Chauché  Jacques Cauda    Jean-Paul Chavent    Ivar Ch’Vavar    Pierre Cohen-Hadria    Vincent Courtois    Carole Darricarrère    Christian Degoutte    Jean-Paul Dekiss    Christian-Edziré

 

 Déquesnes    Dominique Dou    Olivier Engelaere    Jean Esponde    Daniel Farioli    Françoise Favretto    Tristan Félix    Guy Ferdinande    Bruno Fern    Guy Fontaine    Alain Frontier    Philippe Fumery    Vincent Guillier    Tristan Hordé    François Huglo    Dominique Ivart   Philippe Jaffeux    Marc Jimenez    Alain Joubert    Mathieu Jung    Eiko Kuki    Antoine Leperlier    Patrick Lepetit    Pierre Le Pillouër    Véronique Loret    Antoine Maine    Marie-Christine Menu    Stéphane Mirambeau    Martine Monteau    Bernard Noël    Fabien Ollier    F.J. Ossang    Alexandre Pierrepont    Anne-Marie Poucet    Andoche Praudel    Christian Prigent    Dominique Rabourdin    Laurent Robert    Alain Roussel    Georges Sebbag    Monique Sebbag    Julien Starck    Lucien Suel    Christine Texier    Didier Trumeau    Jehan Van Langhenhoven    Claude Vercey  



[1] cf. entre autres, A. Borer (La Croix, 15.09.2020), N. MP Meyer (Contrepoints, 14.09.2020), Collectif, Le Monde (18 sept.2020),  L. Rabouille (Causeur, 19.09.2020), Christian Rioux (Le Devoir, 24 septembre 2020),D. Saint-Amand (Libération, 16.09.2020), J.-L. Steinmetz (L’humanité, 25.09.2020) , et  la tribune de D. de Villepin (Le Monde , 3  octobre 2020) .

[2] Permettez ! 23 octobre 1927.

[3] Le Monde, 26 septembre 2020.

[4]  « Odilon, un gamin, mais monté comme un homme » (Hombres)

« Jusqu’aux jolis tétins d’infante

De miss à peine en puberté (...) » (Femmes)

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